Qualité de l’air : des résultats prometteurs suite à l’étude menée par ESTACA’Lab sur les émissions polluantes du transport maritime
L’équipe Qualité de l’air de l’ESTACA avait été missionnée par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) en 2022, pour quantifier les émissions polluantes des navires et étudier des solutions techniques pour les réduire. L’objectif est d’aider les armateurs à limiter les émissions de l’atmosphère, liées au développement du trafic maritime, dans les écosystèmes marins et les ports. Les résultats obtenus montrent que les navires équipés de moteurs à gaz naturel liquéfié (GNL) apportent une réponse positive en produisant des émissions de gaz à effet de serre moindres que ce qu’on pensait.
Une étude menée dans le cadre d’un projet financé par l’ADEME
Depuis septembre 2019, l’équipe pilotée par Benoît Sagot, enseignant-chercheur du pôle Qualité de l’air et dépollution de l’ESTACA, applique sur des navires une méthodologie de mesure des particules fines mise en œuvre dans d’autres domaines des transports. Différentes solutions de réduction des émissions polluantes ont été évaluées sur des navires de différentes compagnies maritimes. Le projet EMINAV, financé par l’ADEME, visait à évaluer de façon la plus complète possible les émissions polluantes à la fois gazeuses et particulaires liées au transport maritime. Cette étude a été menée sur deux types de motorisations : des moteurs marins classiques de type diesel sans système de dépollution et des moteurs fonctionnant au gaz naturel liquéfié GNL. Sur le navire Salamanca de Brittany Ferries, deux campagnes d’essais ont permis de quantifier les émissions de méthane imbrulé dans les échappements, qui restent un point d’amélioration de ces moteurs, le méthane étant un puissant gaz à effet de serre. En réalisant une analyse des charges des moteurs sur une année complète, l’étude a permis de montrer que les émissions de méthane non brûlé (méthane slip), émis par les moteurs GNL, sont près de 50 % inférieures aux valeurs par défaut établies dans la réglementation européenne relative aux émissions des navires. Ceci est lié à des niveaux relativement faibles d’émission des moteurs, et surtout au profil opérationnel du navire qui réalise des traversées longues entre la France, l’Irlande et l’Espagne, avec des phases d’approche portuaires relativement courtes.
Des résultats salués par Brittany Ferries
L’étude, récemment publiée sur le site de l’ADEME, a donné lieu à un article dans le Journal of Marine Science and Engineering. Elle s’appuie sur des mesures directes effectuées sur le bateau Salamanca de Brittany Ferries. Elle conclut à un taux annuel moyen de méthane slip de 1,57 %, et donc nettement inférieur aux valeurs réglementaires par défaut (jusqu’à 3,5 %). Ces résultats sont salués par Brittany Ferries, très attaché à trouver des solutions pour réduire la pollution de ses navires.
« Nous soutenons pleinement le principe de responsabilité environnementale. Les données scientifiques dont nous disposons aujourd’hui montrent que les émissions réelles de nos navires GNL sont significativement plus faibles que prévu. Cela devrait logiquement être pris en compte dans nos déclarations réglementaires. Nous considérons ces résultats comme une base solide pour apporter des outils méthodologiques adaptés aux régulateurs européens et internationaux » déclare Christophe Mathieu, directeur général de Brittany Ferries.
Cette étude a aussi été remarquée par la presse, comme Le Marin qui a interviewé récemment Benoit Sagot.